Caste des tailleurs
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Dans son principe, le système des castes est une répartition des tâches, c'est-à-dire des métiers et des professions, selon l’hérédité. Traditionnellement, et d’après les Écritures sacrées, il existe quatre castes (Varna) :
— les brahmanes, chargés de
conserver le savoir et la pureté. C’est à
eux que reviennent la célébration des sacrifices, le service
d’officiants
dans les temples et l’enseignement.
— les kshatriyas (guerriers), responsables de maintenir l’ordre, de faire régner la justice, de lutter contre l’ennemi. La plupart des princes appartiennent à cette caste.
— les vaishya, qui se doivent d’assurer la prospérité économique de la communauté, en particulier par le commerce, par les finances, etc.
— les shoûdras, qui assument les travaux manuels de tous genres, à l’exception de ceux dont la pratique comporte une souillure.
Pour compléter la liste, il faut ajouter deux autres castes, les
sannyasins, au-dessus de toute
caste, qui ont embrassé la vie
monastique, revêtu la robe ocre, fait vœu de totale pauvreté et menant
une existence errante. Ils peuvent provenir de n’importe quelle caste.
Au-dessous de toutes les castes, les hors-castes, groupe hétéroclite de
provenances variées.
Jeunes dalits de Madurai
photo The Philosophy of Photography
La réalité indienne est cependant beaucoup plus complexe. Les Indiens
désignent par jati le nom de
leurs castes (l'usage du mot caste tire
son origine des Portugais, premiers Européens en Inde). Il en existe
des milliers, qui déterminent l'identité de chacun à sa naissance (en
sanskrit, jati signifie naissance) et ses obligations spécifiques.
Autrefois, chaque jati était associée à la pratique exclusive d'un
métier. La vie moderne ayant fait disparaître de nombreuses occupations
pour en faire apparaître de nouvelles, la jati représente maintenant un
groupe économique qui lutte collectivement pour la défense de ses
intérêts. Beaucoup de castes ont disparu au cours de l'histoire, de
nouvelles émergent, montent ou descendent dans l'échelle sociale. Il
est impossible de passer à une caste supérieure, mais l’on peut déchoir
à une caste inférieure à la suite d'une grave faute ou à un mariage
mixte
avec un partenaire d’une caste de rang moins élevé engendrant par le
fait même une autre caste, souvent hors-caste. Ainsi, Indira Gandhi
s'est vu refuser l'accès au grand temple de Puri en raison de son union
avec un Parsi (religion perse). Elle avait par cet acte perdu sa caste
et cessé d'être hindoue aux yeux des prêtres brahmanes du temple.
Dr. B. R. Ambedkar
photo Ben Piven
Les hors-castes ou intouchables sont désignés par le terme dalit
(opprimé) dans le discours officiel et de plus en plus dans le langage
courant. Il représente 16 % de la population. Ils doivent beaucoup au
Dr. B.R.Ambedkar (1891-1956), coauteur de la constitution, dont
l’article 17 interdit la pratique de l’intouchabilité. Les dalits sont
chargés des travaux qui polluent celui qui les fait. C’est parmi eux
que l’on retrouve les éboueurs, les blanchisseurs, les travailleurs du
cuir, etc.
La hiérarchie des castes est, dans son principe, une hiérarchie de
devoirs plutôt que de droits. Les castes ne sont pas reconnues par la
loi (constitution de 1948) et ne peuvent donc être évoquées dans les
affaires judiciaires. Bien que la vie contemporaine oblige beaucoup
d’Indiens à contourner ou transgresser des règles de castes, le statut
héréditaire représente pour l'hindou une valeur fondamentale, et son
premier devoir consiste à augmenter le renom familial dans le cadre de
ce statut.
Le système des castes s’applique également aux animaux, la vache est
brahmane alors que le chien est paria, comme ne tardera pas à le
constater le voyageur de l'Inde. Il concerne aussi les dieux, certains
sont brahmanes, kshatriyas ou vaisyas. Il existe même un Dieu shoûdra.