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SPIRITUALITÉ : Shaktis et dieux populaires

Laksmi Sarasvati Ganesh

Lakshmi flanquée de Sarasvati et Ganesh

photo Meanest Indian

Chaque dieu de l’hindouisme est accompagné d’une shakti (ou plusieurs), qui représente sa puissance de manifestation. Elle est considérée comme une déesse, épouse ou fille du dieu et possède souvent une mythologie et une iconographie considérable qui lui est propre. Le rôle de la mère Divine leur est associé. Les principales sont :


-Sarasvati. C’est la shakti de Brahma, déesse de la sagesse, de la connaissance et des arts ainsi que de l’éloquence.  On lui attribue l’invention de l’alphabet dévanagari et l’enseignement aux hommes de la langue des dieux, le sanskrit. Elle est représentée généralement avec deux bras, assis sur un lotus, tenant une vina et accompagnée d’un cygne. Elle est vénérée par les étudiants, les écoliers et les intellectuels.


-Lakshmi. C’est la shakti de Vishnou, décrite comme sortant de l’océan de lait, un lotus dans la main, lorsque cet océan fut baratté par les dieux et les asuras. Elle incarne la déesse de la fortune et de la prospérité. Comme Vishnou, elle est vénérée en la personne de ses diverses incarnations, Sita dans le Ramayana, Radha, compagne de Krishna et aussi Draupadi, l’épouse des cinq frères Pandava dans le Mahabaratta.

 

Kali et Durga

De gauche à droite, Kali et Durga

photo laszlo-photo

-Shaktis de Shiva Les shaktis de Shiva jouent un rôle plus important que celle de Brahma et Vishnou en Inde. Elles se présentent sous d’innombrables noms, dont les trois suivants :


-Kali. Représentée sous des traits effroyables, une femme noire nue, longue chevelure au vent, tirant une énorme langue, portant un collier de crânes humains, brandissant un couteau sanguinolent et une tête fraîchement coupée. Elle détruit les imperfections et exige que l’homme sacrifie ce qu’il a de plus cher pour s’en aller, libre, vers la libération. Son culte est particulièrement pratiqué par les adeptes du tantrisme. Le Kali ghat ou temple de Kali à Calcutta est un important lieu de pèlerinage où l’on sacrifice toujours des chèvres pour son culte.

 

Parvati et Shiva

Shiva et Parvati à Khajuraho

photo travphotos

 

-Durga. Souvent reproduite montée sur un lion (symbole de son pouvoir illimité), brandissant dans ses dix mains des armes qui évoquent les qualités que l’être humain doit utiliser pour vaincre ses pulsions du mal. C’est au Bengale qu’elle est le plus célébrée. Il est coutume de l’invoquer avant d’entreprendre un voyage ou quelque chose de difficile (elle dirigera votre main et travaillera pour vous).

-Parvati. Représentée généralement sous la forme d’une très belle femme, assise sur la cuisse gauche de Shiva ou encore en profonde méditation auprès de lui. Fille de l’Himalaya, aimable, qui par de longues et ardentes austérités a obtenu d’épouser Shiva. Dans sa riche mythologie, c’est elle qui se trouve la mère de deux fils de Shiva, Ganesha, qu’elle a conçue seule et Karttikeya.


Les dieux Indra et Agni sont les plus mentionnés dans les Védas bien qu’aujourd’hui, ils ne constituent guère l’objet de cultes dans les temples. 


Indra

Indra (Népal, XVI siècle)

photo opacity

-Indra. Le « Roi des dieux » dans le Rig Véda, qui habite le mont Meru, a beaucoup intrigué les orientalistes parce qu’il possède toutes les vertus et tous les vices, qu’il apparait tantôt bénéfique et constructeur, tantôt destructeur et maléfique. Il est le dieu de la fonction guerrière. Il est symbolisé avec deux ou quatre bras, une fleur de lotus à la main et les yeux bandés. Il est armé de sa foudre (Vajra), d’un arc, d’un filet et d’un crochet pour attraper ses ennemis. 

-Agni. Il est le feu et le dieu du feu. Il incarne la volonté divine qui tient lieu de maître de l’existence. Il est le pouvoir divin en l’homme, il fait apparaître les potentialités miraculeuses dans un corps condamné à mourir. Il est souvent dépeint assis sur un bélier, rouge, bedonnant avec plusieurs têtes et sept mains ou flammes autour de lui.


-Ganesh. Un des plus populaires sinon le plus populaire, Ganesh est représenté avec un corps humain ventripotent muni de quatre bras ou davantage et surmonté d’une tête d’éléphant. Il apparait partout en Inde, au-dessus des habitations, magasins, bureaux, véhicules de transport. Les hindous se placent sous sa protection avant de partir en voyage, construire une maison, entreprendre une activité intellectuelle. C’est le dieu qui lève les obstacles. On trace souvent sur la langue d’un enfant qui commence son éducation le mantra de Ganesh. Il joue deux rôles principaux. Il désigne l’appel à la force spirituelle par opposition à la force matérielle, qui se trouve l’apanage de son frère Karttikeya (ou Skanda). D’autre part, il est celui qui introduit auprès des dieux, car il faut d’abord utiliser des aspirations spirituelles pour y arriver.


Sa shakti est personnifiée de diverses façons : les plus classiques consistant en deux belles jeunes épouses que sont Buddhi (puissance de compréhension) et Sidhi (intelligence supérieure et pouvoir surhumain), incarnées dans des corps humains normaux. On retrouve également Ganeshi, figurée comme Ganesh avec une tête d’éléphant que Ganesh serre amoureusement contre lui. Plusieurs shakti de Ganesh sont liées aux cultes du tantrisme.


Ganesh a pour monture Vahana, un rat. Cet animal représente en Inde la ruse, l’adresse, le flair. Ces attributs ont donc été conquis par la force spirituelle. Pour les hindous, Ganesh désigne un être vivant, familier, avec lequel ils font la conversation. Il est très paternel et doux, humoristique, ne s’impose pas, aide l’homme à évoluer. Il assiste l’humanité dans la vie terrestre, on ne l’invoque pas dans les cérémonies mortuaires. Dans un mythe, il est né de Parvati seule, sans l’aide de Shiva. Ce dernier l’a adopté comme fils. En accomplissant ses ablutions rituelles, elle aurait eu le désir d’un fils. En essuyant la sueur qui dégouttait sur son corps, elle aurait découvert le jeune Ganesh dans le creux de sa main. La transpiration symbolise l’humanisation de Parvati, car les dieux ne transpirent pas en prenant forme humaine et ne produisent pas d’ombre.


Hanuman


Un des dieux les plus populaires en Inde. On le retrouve sur d’innombrables bas-reliefs et peintures. Il occupe une place importante dans tous les sanctuaires consacrés à Rama. Ce dieu singe, héros du Ramayana, exprime le modèle du parfait adorateur et serviteur du divin. Il combine une grande virilité avec une irréprochable chasteté. C’est un des rares dieux privés de shakti. Le respect qui entoure Hanuman s’étend dans l’Inde à tous les singes que l’on appelle dans le langage courant des hanumans. Même lorsqu’ils sont perturbants, ce qui se rencontre fréquemment, on s’abstient de leur faire du mal. Lorsqu’ils sont devenus à Bénarès une véritable plaie, on en a capturé un grand nombre, qu’on a chargé dans des wagons et transporté, par trains entiers, dans une forêt lointaine.

Narada

Narada

photo Os Rupias

 

Narada

Ce n’est pas un dieu proprement dit, mais le messager des dieux. Disciple fervent et favori de Vishnou, il le seconde dans sa tâche de conserver le monde. Il fait office de musicien des êtres divins qui inventa la vina, instrument à cordes de la musique classique indienne. Il étudia la musique pendant mille ans. Il entretient les indispensables désaccords entre les éléments de la multiplicité. Il révèle à chaque individu sa mission dans l’univers, dans le grand lîlâ (jeu cosmique). Il peut semer la zizanie, car il connait les faiblesses de chacun et veut faire sortir la vérité. Il donne ainsi indirectement de sages conseils de discipline spirituels à ceux qui doivent les mettrent en pratique. Il guide l’âme individuelle à la conquête et à la plénitude de sa propre réalisation par son dharma personnel. Dans un mythe, il incarne un fils rebelle de Brahma. Il est dépeint sous forme d’un ghandarva (musicien céleste) représenté le plus souvent avec une vina. Sa musique remplissait la création d’une extase et d’une joie divine.