Zébu
photo wili_hybrid
La vache (surtout les zébus, mais aussi les buffles) est vénérée dans toute l’Inde, ce qui peut s’expliquer de plusieurs façons. Cet animal fournit un aliment de première nécessité, le lait et ses dérivés. Parmi ces derniers, il faut citer particulièrement le ghî (beurre fondu), servant à la fois de produit de luxe que l’on ajoute au riz et comme offrande par excellence à la Divinité. On en oint les statues et emblèmes des Dieux, on en jette dans le feu sacré qui transmet aux Dieux les prières et invocations des hommes.
La vache donne la bouse, laquelle, mélangée avec des végétaux et
séchée,
fournit du combustible. Cette même bouse, combinée à l’eau et répandue
sur
la terre battue qui constitue le sol de la plupart des habitations,
éloigne les insectes, y compris les scorpions. La bouse et l’urine de
la vache entrent aussi dans la fabrication de mélanges utilisés dans la
médecine populaire. Les vaches consomment essentiellement les déchets
des hommes, tout comme les corneilles et les fourmis, les grands
éboueurs de
l’Inde.
Ghî
photo kulasundari
Sur un autre plan, la vache est considérée comme le parfait prototype du monde animal. Elle figure dans de nombreux mythes. Dans le récit de l’enfance de Krishna, ce sont de prestigieux rishis qui se sont réincarnés dans les vaches pour accompagner le Dieu pendant son séjour sur la terre. Pour célébrer un événement heureux, un mariage ou une naissance par exemple, et en remercier les Dieux, on donne volontiers la liberté à quelques vaches ou taureaux, ceux que l’on rencontre dans les rues. Les sadhus et yogis s'enduisent le corps de cendres de bouse de vache.
L'abattage des vaches est interdit dans tout le pays, à l'exception des
états sous contrôle communiste du Kerala et du Bengale, au grand
scandale des hindous orthodoxes.Ce statut particulier serait toutefois récent à l'échelle de l'histoire de l'Inde. À l'époque védique, la vache était sacrifiée et consommée comme toute viande.
Décoration d'une vache
photo Joe Blow
Si la vache donne naissance à un mâle qui deviendra un bœuf, ce dernier détiendra-t-il le même statut que sa mère? La réponse est négative, car la vache, pour les raisons invoquées précédemment, possède l'exclusivité de ce statut sacré. Se nourrir de la vache se trouve donc proscrit pour tous, mais le bœuf est mangé par les basses castes et les intouchables. Cette pratique est répandue dans les états du sud comme le Tamil Nadu où les hautes castes sont peu nombreuses. On demeure plus scrupuleux dans les états du nord, mais si on évite d’en préparer en milieu familial, on pourra très bien s’en repaitre entre collègues de travail lors d'un dîner d'affaires par exemple.