Puja
photo mokaysavage
La puja
(offrande)
tient lieu de rituel par excellence en Inde qu'on effectue au temple,
dans un lieu sacré ou chez soi. Elle s’accomplit généralement en
offrant à la divinité des fleurs fraîchement cueillies ou tressées en
guirlande, des grains de riz, du ghi (beurre clarifié), des sucreries
et des sindurs (pâte de
vermillon). L'entrée ou le pourtour des temples
est occupé par les boutiquiers d'offrandes. En déposant celles-ci sur
un
lingam, sur les mains ou les pieds de la statue, le fidèle récite des
invocations à la divinité en accomplissant des mudras (gestes de la
main propitiatoires). Ces rituels se révèlent d'une grande diversité.
Les temples gigantesques du Tamil Nadu sont particulièrement bien
adaptés pour appréhender ce sens du sacré typique de l'hindou. Le
meilleur moment pour observer (discrètement) ces derniers effectuer des
pujas aux temples se situe entre 6 h et 8 h ou en début de soirée entre
17 h et 19 h.
Statuette de Durga
photo Ishtiaque Zico
La divinité est le plus
souvent représentée par une sculpture ou une statue ayant parfois
l'allure d'une poupée revêtue (d'apparence peu esthétique). Les
hindous ne croient pas que celle-ci soit habitée par un dieu, mais
qu'elle dégage une énergie dont la puissance (la shakti) est fonction
de la consécration reçue. En exécutant sa puja, l'hindou cherche à
s'imprégner de cette force tout en honorant le dieu qui lui est
associé. Il s’efforce ainsi à s'identifier au principe divin en
l'incarnant en lui. La maintenance de la vigueur de ce rayonnement
émanant de la statuette s'effectue par l'accomplissement de rites tout
au long de la journée par les prêtres brahmanes du temple. Au foyer, le
chef de famille assurera la puja.
Rituel de l'Upanayana
photo calamur
Les
rituels qui marquent des événements importants de la vie sont appelés
samskaras. Les textes traditionnels prescrivent de 12 à 16 cérémonies à
accomplir. De nos jours cependant, la plupart des familles vivant en
milieu
urbain n'ont pas le temps ou la volonté de tous les accomplir.
Les rituels entraînent la
participation de membres de hautes et basses castes.
En plus du prêtre brahmane qui récitera les
versets sacrés et surveillera tous les autres aspects de la cérémonie,
on peut
faire appel à un coiffeur pour purifier la personne en lui rasant le
crâne, à un
laveur pour la naissance d'un enfant ou à des joueurs de tambour qui,
utilisant
des peaux d'animaux, proviennent forcément de basses castes. Dans
certaines
régions du nord de l'Inde, on fait appel à certaines communautés
d'eunuques à
la naissance d'un enfant pour apaiser les entités démoniaques. Les
détails de
la cérémonie peuvent être complexes et méticuleusement minutés. Des
règles qui
fixent par exemple que telle personne doit être assise à côté de telle
personne, la direction à laquelle elle doit faire face, l'heure précise
ou doit
s'accomplir chaque rituel, le choix du type de bois utilisé pour le feu
sacrificiel, etc.
Plusieurs
cérémonies peuvent avoir lieu avant la naissance d'un enfant, à
la naissance elle-même et à des moments déterminés après celle-ci. Dans
certains villages, une cérémonie marquera le passage à la puberté des
jeunes
filles, indiquant ainsi à toute la communauté qu'une nouvelle fille est
libre
pour le mariage. Dans les villes, on marquera ce passage par un
changement
d'habillement de la jeune fille, passant de la jupe au sari ou au
salwar kameez
(longue tunique sur des pantalons larges). Pendant la période de
menstruation,
les femmes demeureront hors de la cuisine, laissant les tâches
culinaires à
d'autres. Elles ne sont pas censées toucher au sel, aller au temple et
participer à des rituels.
Parmi les nombreux rituels qu'un hindou orthodoxe est tenu de célébrer tout au long de sa vie, les deux plus importants sont probablement le namakarana et l'upanayana. Le premier qui signifie « don du nom » a lieu entre le dixième et douzième jour après la naissance. L'attribution du nom n'est pas faite au hasard, puisqu’il représente pour l'hindou l'être profond et un mauvais choix pourrait se révéler catastrophique. On prendra en compte des critères astrologiques, les appellations du père et du grand-père, celui du dieu le plus vénéré de la famille, etc. Ce sera l'occasion d'un repas offert aux proches et amis.
Le rituel de l'upanayana (cordon sacré) s’avère important pour les hindous de castes pures, car il confère le statut de caste et marque l'entrée officielle du jeune garçon dans la société hindoue. Elle a généralement lieu entre l'âge de sept et douze ans. Le jour de la cérémonie, on lui rase la tête. Après avoir pris un bain et répété les mantras appropriés sous la direction d'un brahmane, il revêt pour la première fois le cordon sacré qui passe sur l'épaule gauche et pend sous l'aisselle droite. Il devra le porter tous les jours et observer les règles de sa caste. Les basses castes et les intouchables n'ont aucun droit à celui-ci.
Corps en attente de crémation
photo amanderson2
À la mort, événement positif pour un hindou, la crémation doit avoir lieu le plus tôt possible, mais aussi au moment le plus propice. Le corps est préparé comme une offrande aux dieux. Il est baigné, nettoyé et habillé de vêtements frais. Certaines coutumes sont spécifiques d'une communauté à l'autre. Très souvent, une femme sera recouverte d'un linceul orange ou rouge alors que les hommes et les veuves seront recouverts d'un linceul blanc.
Le fils ou plus proche parent mâle du défunt doit se purifier avant
la crémation. Des chants seront effectués à l'intention d'Agni, dieu du
feu, pour lui prier d'accepter le sacrifice de la personne décédée. Les
très jeunes enfants, qui n'ont pu se préparer à la mort, sont enterrés
ou jetés à la rivière. Il en est de même pour les ascètes, qui ont déjà
été consumés intérieurement par la pratique des tapas (exercices
spirituels).
Le bucher funéraire requiert environ un tiers de tonne de bois. Pour
les personnes éminentes ou celles qui peuvent se le permettre, on
utilisera du bois de santal. Au Kerala, l'utilisation du bois de
manguier est très populaire. Les gens de cette région sont censés
ensemencer un manguier lors de leur enfance. Ce dernier sera coupé et
utilisé à leurs morts pour le rite funéraire. De nos jours, comme le
bois se fait de plus en plus rare en Inde et est très cher, on utilise
de plus en plus la bouse de vache comme combustible.
Le corps est déposé sur le bucher funéraire et allumé par le fils. Il
faut environ six heures pour le transformer en cendre. Le crâne doit
éclater sous l'effet de la chaleur, sinon il sera brisé par le
responsable funéraire. C'est à ce moment que l'âme quitte son
enveloppe. À ce moment, Agni, qui a détruit le corps matériel,
transporte l'âme au dieu de la mort et aux ancêtres du défunt. Si le
rituel a été proprement effectué, l'âme existera en tant que fantômes
pendant 10 à 30 jours et passera à une autre étape par la suite.
Les membres de la famille du défunt effectueront des pratiques de
purification pendant quelque temps après la crémation (car la mort
pollue). Des cérémonies spéciales se tiendront après les 4es, 10e et
14e jour du décès. La période de deuil se termine par le shubasvikaram,
qui signifie la complète acceptation de la mort du défunt et le retour
à la vie normale.