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MODES DE VIE : Le couple indien

couple

Rare démonstration d'affection en public

photo dwanjabi

La traditionnelle lune de miel des nouveaux mariés en Occident n'existe que pour la haute et moyenne bourgeoisie en Inde. Communément, il y a peu d'effusion de sentiments et de complicité dans le couple indien. Ce constat s'explique par le fait que dans une famille, tout est mis en place pour décourager et limiter l'intimité des jeunes époux et du couple en général. La jeune mariée passe de la maison parentale à celle de la famille du mari, où elle tombe sous la domination de sa belle-mère et de ses belles-sœurs. La nouvelle venue se retrouve d'abord l'esclave et la servante de sa belle-famille, avant d'être l'épouse de son mari (qui dans la plupart des cas refuse d'être mêlé aux disputes familiales). Dans une famille élargie, l'intimité se résume au fugace coït nocturne. Les parents sont là pour censurer les jeunes conjoints s'ils montrent trop d'intérêt et d'affection l'un pour l'autre. Autrefois, c'était la belle-mère qui décidait quels jours on laisserait les époux dormir ensemble dans un coin de la maison. Dans les campagnes, les couples disposent encore moins d'intimité, les hommes et les femmes dorment habituellement séparément. Après 30 ou 40 ans, les rapports sexuels sont très ralentis. La famille a aussi son mot à dire pour programmer les naissances, et il est difficile pour un couple de pratiquer la régulation des naissances si cela va à l'encontre de la belle-mère.

 

L'idéal de la femme indienne, de même que le code de conduite des hindous en général, tel que défini dans les célèbres « lois de Manu », ou Manavadharma shastra, repose essentiellement sur l'abnégation, le devoir, l'effacement de soi, le respect et l'obéissance inconditionnelle non seulement au mari, mais aux beaux-parents et, à des degrés divers, aux différents membres de la belle-famille. La fidélité demeure une obligation vitale, son manquement représentant le déshonneur de l'homme et la déchéance de la famille entière. Les adultères de l'époux sont plus facilement acceptés et n'encourent pas la même sanction sociale et morale que la femme, sauf si un père, un frère ou un mari décide de venger l'affront subi. Dans les campagnes, où vit encore la majorité de la population indienne, les liaisons « illicites » sont des plus difficiles à établir en raison de l'extrême promiscuité des familles et des tabous de caste dominants. Les amants ne possèdent, comme moments d'intimité, qu'une brève étreinte dans des champs de canne à sucre ou de maïs. Dans les milieux urbains de la moyenne et haute bourgeoisie, les femmes mariées se permettent plus facilement une fréquentation, souvent avec un collègue de travail, pourvu que ce soit dans le plus grand secret. Ces aventures (en augmentation) s'expliquent par le fait que davantage de femmes travaillent, sont plus conscientes de leurs droits et de leur autonomie. À cela s'ajoute un vent de libération, conséquence de la modernisation de l'Inde et de l'influence occidentale.


epouse

Jeune épouse

photo interplast

Les périodes d'abstinence sexuelle sont définies par les textes anciens et encore largement observées dans les milieux traditionnels. Un homme doit s'abstenir de toute relation sexuelle avec son épouse lorsque celle-ci est en période de menstruation. Elle est alors jugée comme impure et tombe sous le coup de nombreux interdits : elle ne peut travailler à la cuisine de même qu'assister aux pujas domestiques et aux grandes fêtes rituelles. Après un laps de temps de 4 à 6 jours, elle prend un bain, revêt des vêtements propres et reprend ses activités quotidiennes. Après l'accouchement, la femme est également considérée comme impure, pour une durée variable selon les régions et les castes, de treize à quarante-cinq jours. Autrefois, la période d'abstinence durait tout le long de la lactation, c'est-à-dire deux ans. Faire peu l'amour est toujours réputé conserver la force virile de l'homme et augmenter sa résistance à la maladie.