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LES ARTS : La danse

danse classique

danse classique

photo thaths

Le Nâtya shastra (400 av. J-C.) de l’auteur Bharata, codifie les règles de la musique, la danse, le chant, la poésie et le théâtre. On le considère souvent comme le cinquième Véda. Tous ces arts sont intimement liés en Inde. L’expression « danse classique indienne » serait relativement récente (XXe siècle). Elle s’applique principalement aux danses traditionnellement effectuées dans les temples et les cours et dont les traditions chorégraphiques apparaissent conformes aux textes anciens comme le Nâtya shastra. Les caractéristiques de base de la danse classique indienne comprennent l’emploi des mudras (gestuelle des mains) et l’utilisation d’un langage corporel permettant de narrer une histoire et d’exprimer des concepts comme une émotion, la nature, le temps, des objets, etc. À côté de la danse classique, on retrouve des centaines de danses folkloriques et tribales réparties sur tout le territoire indien.

La danse folklorique

Beaucoup de danses folkloriques sont exécutées par des gens ordinaires plutôt que des professionnels. Mais il existe aussi des groupes de danseurs professionnels qui voyagent de village en village et vivent de leur art. Les occasions de danse demeurent les mêmes que pour la musique folklorique, les mariages, les plantations et les récoltes, naissance d’un enfant, les saisons, les fêtes religieuses, etc.  Plusieurs sont consacrées à la déité qui préside une communauté en particulier. Les danses expriment la joie, et chacune d’elles s’accompagne d’un costume spécifique flamboyant et du port de nombreux bijoux.

 

Bharata natyam

Bharata Natyam

photo Matso

Les danses folkloriques sont plus simples en général que les danses indiennes classiques, avec des mouvements plus répétitifs sans grande complexité. Certaines ne sont exécutées que par des hommes, d’autres, que par des femmes et parfois aussi par les deux. Les danseurs chantent souvent en même temps et peuvent tenir des bâtons dans leurs mains qu’ils font claquer. Ils sont accompagnés par des musiciens. Le Nord-Est de l’Inde compte plus d’une soixantaine de tribus aborigènes possédant chacune leur répertoire. Les danses folkloriques ne sont pas figées, on les change et améliore constamment.

La danse classique

Les danses généralement reconnues comme danse classique incluent le Bharata Natyam du Tamil Nadu, le Kathakali du Kerala, le Kuchipudi de l’Andhra Pradesh, le Manipuri du Nord-Est de l’Inde, l’Odissi de l’Orissa et le Kathak du Nord de l’Inde. Tous ne s’accordent pas sur cette classification, certains en ajoutent à cette liste ou en excluent. Chaque style possède une forte connotation régionale et aucun ne peut prétendre représenter l’ensemble du sous-continent indien.

Le  Bharata natyam (Tamil Nadu)

C’est sans doute la plus populaire des danses classiques. Son ancienneté est bien établie. Elle était pratiquée dans les temples, intégrée aux rituels religieux. Elle était exécutée par une classe de danseuses appelées devadasis. Enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est aussi ouverte aux garçons. L’apprentissage reste laborieux et long.

 

Ce style est caractérisé par des déplacements dans l’espace selon des lignes droites ou des triangles. Les danseurs semblent tisser des triangles en fonction d’un patron géométrique. Un spectacle est généralement découpé en huit parties dont la partie centrale et principale, le varnam, montre les mouvements les plus complexes et les plus difficiles. Les positions des mains et du corps racontent une histoire, habituellement d’amour ou de désir. Les danseurs sont accompagnés de musique carnatique.

Le Kathakali (Kerala)

kathakali

Khatakali

photo dhyanji

Le Kathakali est une pièce de théâtre dansée. Les personnages utilisent des formes de maquillages élaborés et des costumes raffinés pour reconstituer des épisodes des épopées hindoues. Le maquillage des acteurs à lui seul peut demander plusieurs heures. Les interprètes du Kathakali sont exclusivement des hommes qui peuvent y tenir des rôles féminins. Il s’agit d’un art très exigeant physiquement.

 

Le monde du Kathakali est peuplé de héros nobles et de démons perpétuellement en guerre. La vérité triomphe du mensonge, le bien renverse le mal. Les micros et macros-mouvements du visage, les oscillations des sourcils, des globes oculaires, des joues, du nez et du menton sont minutieusement élaborés, permettant d’exprimer promptement une grande variété d’émotions. Ces dernières servent à définir des traits de caractère plutôt que des individus, comme la bonté, la méchanceté, la peur, l’exubérance, le courage, etc.  La danse elle-même n’est pas très complexe, ne comportant que des mouvements décoratifs en alternance avec les passages où les acteurs personnifient des traits caractériels. L’accompagnement musical est constitué de deux vocalistes pour les chansons, de deux tambours, le chenda (tambour cylindrique) et le maddalam (tenu horizontalement), de cymbales et d’un gong.

Le Kuchipudi (Andhra Pradesh)

Le Kuchipudi, né dans le village du même nom dans l’État d’Andhra Pradesh, représente également une tradition de théâtre dansé. Ces dernières années, il est devenu une danse interprétée par des femmes en solo, la plupart du temps, pour les scènes de spectacles alors que traditionnellement, il était la chasse gardée des hommes, notamment les brahmans dans les temples.

 

La représentation débute par le daru, une chorégraphie accompagnée d’une chanson qui met en valeur l’habilité des danseurs et introduit l’ambiance de la trame dramatique. Le daru est par la suite suivi du drame proprement dit guidé par des chants de musique carnatique. Ce style est réputé pour la fluidité des mouvements des danseurs et s’apparente au bharata natyam sous plusieurs aspects. Un élément unique à ce style se nomme le tarangam, ou l’artiste danse sur un plateau de cuivre, tenant des chandelles allumées dans les mains et balançant sur sa tête un vase rempli d’eau.

manipuri

Manipuri

photo vikram

Le Manipuri (Manipur)

Cette danse provient de l’État du Manipur, dans le Nord-Est de l’Inde près de la frontière birmane. Le terme manipuri recouvre en fait plusieurs danses en provenance de cette région, les plus prédominantes étant le Ras Lila et le Pung Cholom. La musique associée à ce style, de type hindoustani, joue un rôle plus important que celui d’un simple accompagnement.  Les chorégraphies s’appuient sur le son des cymbales (kartal ou manjira) et d’un tambour cylindrique (le pung).

 

Dans le Ras Lila, on compte cinq différentes danses dont les thèmes tournent autour de l’amour entre Krishna, Rhada et les gopîs (gardiennes des vaches). Les danses sont en général interprétées dans une enceinte spéciale disposée devant un temple. Les mouvements de la danse sont très ondoyants, créant un effet hypnotique. Le Pung Cholom désigne une danse très caractéristique du Manipur. Elle s’appuie sur le rythme du pung.  Les danseurs jouent de ce tambour en même temps qu’ils exécutent la danse. Parfois, des gestes acrobatiques sont utilisés pour produire un effet d’excitation.  Ce style est pratiqué par des hommes et des femmes et sert généralement de prélude à la Ras Lila. D’autres instruments de musique communément employés comprennent l’harmonium, la flûte bansuri, le pena (luth à archet), le shankh (conche) et l’esraj (genre de sarangi).

L’Odissi (Orissa)


Danse classique de l’État de l’Orissa, l’Odissi a été reconstituée au XXe siècle, à la suite de l’indépendance de l’Inde (elle avait été supprimée sous le régime britannique). La pratique de la danse remonte à plus de 2000 ans sur le territoire de l’Orissa, comme en témoignent les bas-reliefs des temples de Bubaneshwar (capitale de cet état). 

 

Odissi

Odissi

photo Bala

Ce style est d’ailleurs intimement lié aux sculptures des temples de l’Orissa. Le tribhanga (triple flexion) que l’on retrouve dans la statuaire indienne caractérise ce style de danse avec ses mouvements indépendants de la tête, du buste et du bassin. L’Odissi exprime une vaste gamme de gestes corporels donnant l’illusion de sculptures devenant vivantes. L’expression des émotions est importante. La chorégraphie est accompagnée d'un récital poétique sur le thème de l'amour entre Krishna et Radha. La musique n’est pas hindoustani ni carnatique, mais régionale.

Kathak

Kathak

photo jbach

Le Kathak (Inde du Nord)

En tant que principale danse de l’Inde du Nord, le Kathak possède une longue histoire. Il tire son origine des bardes nomades de l’Inde ancienne qu’on appelait kathak ou conteurs. Ces bardes s’illustraient dans les villages et aux abords des temples, se spécialisant dans les récits mythologiques et moraux provenant des écritures. Ils embellissaient leur narration par une gestuelle des mains et des expressions faciales, tout en l’accompagnant d’une musique vocale et instrumentale. Cet art s’est raffiné et enrichi au cours des siècles, notamment à partir du XVIe siècle avec des influences de danses persanes dans les cours mogholes.

 

On compte aujourd’hui trois écoles majeures de danse Khatak; l’école de Jaipur, qui puise son origine dans les cours rajput, l’école de Lucknow, qui apparut dans les cours du Nabab de Oudh et l’école de Bénarès, provenant des cours royales de Varanasi. La structure d’un spectacle de danse Kathak suit une progression de lent à rapide, se concluant sur un paroxysme dramatique. Les thèmes de Krishna, Rhada, Shiva, Parvati et d’autres personnages mythologiques tiennent une place prépondérante dans le répertoire khatak, mais on y trouve maintenant des récits historiques et des événements contemporains.

 

La danse Khatak se caractérise par les déplacements circulaires des mains et des poignets, le mouvement des pieds, les pirouettes et les postures sculpturales. Pour l’expression des sentiments, on fait appel à de délicats mouvements des yeux et recourt à l’art du mime. Les femmes comme les hommes peuvent pratiquer cet art.