Mariage
photo The Falcon
Le chef de famille, donc le père, a la responsabilité de marier ses enfants, surtout ses filles. Le Dharma -shastra (début de l'ère) prescrit au père de choisir un parti pour ses filles dès leur puberté. Au Moyen Âge indien, le père qui manquait à cette obligation encourait des peines très sévères. En Inde a toujours prédominé l'idée que la femme était foncièrement sensuelle et instinctive et qu'il fallait donc canaliser cette sexualité avant qu'elle ait le temps de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre que son mari. C'est pourquoi les fillettes étaient parfois promises dès 8 ans et le mariage effectué entre 10 et 15 ans.
Aujourd'hui l'âge moyen du mariage pour les filles s’élève à 19 ans,
entre 15 et 26 ans selon que l'on est pauvre ou riche, habitant la
ville ou la campagne, de haute ou de basse caste. Les familles des
classes aisées retardent l’union conjugale de leurs filles à la fin de
leurs études. Dans les milieux très orthodoxes ou dans les régions
rurales, on unit encore des adolescentes dès leurs premières règles.
Les hommes se marient plus tard, l'âge moyen étant de 26 ans, mais il
n'est pas question de rester célibataire.
Rituel de la cérémonie
photo The Falcon
Le choix du conjoint s’effectue en général à la suite d'un accord entre deux familles de même castes dont les revenus se comparent. Les mariages sont donc arrangés par la famille avec parfois l'aide d'un oncle ou d'une tante-entremetteuse. On cherche un partenaire de niveau intellectuel équivalent dans une famille de même statut et de poids économique similaire. On effectuera la carte du ciel des conjoints pour vérifier leur compatibilité. Les aînés seront préférés aux cadets chez les hommes, et l'on favorisera les jeunes filles aux teints pâles et aux hanches larges. Les critères romantiques n'entrent pas en jeu, la place de la femme en ce qui concerne son mariage est définie par le statut social de son père et sa caste. Ce n'est pas que l'amour soit sans importance, mais l'on considère qu'il se développera naturellement tout au long de la vie de couple et se renforcera avec les années. Mais au moment du mariage toutefois, il n'est pas nécessaire d'être amoureux. La situation de la femme après ses noces dépendra du rang de son époux dans sa famille. Dans les campagnes, on se marie souvent dans des villages voisins. Les Indiens vivant à l'étranger reviennent au pays pour se trouver un conjoint selon les règles traditionnelles.
Une fois les tractations du contrat terminées, l’astrologue fixe une
date
propice et la cérémonie peut avoir lieu avec tout le faste que les
familles peuvent s’autoriser. La célébration des noces est pour la
famille l’occasion de rassembler sa caste et d’affirmer sa valeur. Le
nombre des invités peut dépasser aisément la centaine et la fête durer
plusieurs
jours. La virginité est pour la jeune épouse une condition impérative
du mariage. Les beaux-parents peuvent faire casser une union s’ils
constatent que la mariée n’était pas vierge au moment de la cérémonie.
Le rituel en lui-même est assez court. Le père proclame que la
mariée est bien sa fille et qu'il l'offre à la famille du marié. Car le
mariage est un rituel du don, dans lequel le père offre sa fille (kanya) comme un présent (dan) à une autre famille. Kanya dan est le plus grand don
qu'un père fera dans sa vie. Ensuite, le marié prend la main droite de
sa future épouse avec sa main droite et effectue sept tours autour du
feu sacré. Chaque tour représente une bénédiction: nourriture, force,
richesse, joie, enfants, bétail et dévotion. Les versets en sanskrit
que le couple récite expriment leur intention d'être partenaires et
amis pour la vie. Ce rituel rend le marriage sanctifié et irrévocable,
puisque le dieu du feu (Agni) a été témoin des voeux prononcés.
La dot (payer pour le mari) tient lieu de pratique universelle en Inde et s’exerce à l'échelle de toutes les castes et classes sociales, à l'exception de quelques familles très occidentalisées dans les villes. Plus la famille du mari est influente dans la caste, plus le métier du mari se trouve à un haut niveau et plus la dot demandée sera élevée. Un aîné vaut plus que ses frères, un veuf ou un infirme devra consentir à des rabais à moins d'être riche. La dot ne se paie pas en argent direct, mais sous forme de cadeaux (motocyclettes, réfrigérateurs, voitures, etc.). Les montants à débourser par la famille de la mariée vont de quelques milliers de roupies chez les intouchables de très basses castes à des millions de roupies chez les riches.
Il arrive qu'il y ait escalade dans la demande de la dot après la
cérémonie. Lorsque la famille de la mariée ne peut plus répondre à
cette demande, sa belle famille pourra alors s'en prendre à la jeune
épouse en la brulant vivante ou en l'empoisonnant. Ces crimes ne sont
pas que de rares exceptions commises par des illettrés ou familles dans
des villages reculés. En 1983, 690 cas de mortalité furent rapportés
pour la ville de Delhi et en 1987, on enregistra 1786 cas de décès
reliés à la dot pour l'ensemble du pays. Ces chiffres ne représentent
qu'une partie de la réalité. Comme ces crimes sont commis à l'intérieur
de la famille, il n'y a pas de témoins, et la famille les présentera
comme des suicides ou des accidents avec un four à kérosène. Il
est très difficile pour la police de démontrer la culpabilité des
meurtriers, généralement la belle-famille et la mère, qui s'en tire le
plus souvent sans arrestation. Plusieurs groupes de femmes en Inde
militent activement contre ces sévices en rendant public le nom des
familles coupables quand celles-ci réussissent à passer entre les
mailles de la justice.
Après son mariage, la jeune épouse quitte la maison familiale pour s’établir dans celle de son mari. C’est un des moments les plus difficiles de sa vie, car elle connaît peu son mari (dans beaucoup de cas, elle ne l’a jamais rencontré) et devra se soumettre au diktat de sa belle-mère, souvent autoritaire sinon abusive, et aux réactions pas toujours bienveillantes de ses belles-sœurs. Le rôle qu’on attend d’elle est de procurer des fils à la famille, ce qui ne représente pas un choix, mais un devoir. Si l’épouse ne peut donner naissance à des enfants pour une raison ou une autre, son conjoint pourra se remarier avec le plein assentiment de la communauté. Elle deviendra alors une simple servante de la maison ou honte suprême, sera obligée de retourner chez ses parents. La stérilité dans un village fait office de malédiction. Une femme stérile a le mauvais œil, la nourriture qu’elle prépare est considérée comme impure. Elle est parfois l’objet de sévices, spécialement de la belle-mère.
Salle de mariage
photo Zen